jeudi 19 août 2010

Chroniques et aphorismes

Ouf, enfin un répit dans le travail. Écrivons.

Loxapac, Roms, Le Pen, Sartre, Frêche... c'est l'été 2010 !

** Du Loxapac dans le café des soignants de la psychiatrie. Mystère? Je serais plutôt tenté de dire "vengeance". Combien de malades, "ingérables", sont drogués tous les jours pour les rendre "gérables"? L'une ou l'un d'eux se sera vengé... Moins dramatique que "Vol au dessus d'un nid de coucou" tout de même. Ma mère disait que les soignants "faisaient tout pour la transformer en brebis". Or, avec eux, elle était pourtant plutôt docile...

Mais nous, ne prenons-nous pas tous du Loxapac ? pas physiquement, bien sûr... mais enfin, ne me dites pas que la télé n'est pas aussi une sorte de Loxapac entre 18 h et 22h (et 24h/24 sur les principales chaînes) ! D'ailleurs il y a plein de gens qui ne peuvent même plus s'endormir sans elle...

** Expulsions. Nous, sédentaires, nous expulsons les nomades. On n'en veut ni ici, ni là, ni ailleurs de ces "gens du voyage", forains, marchands des 4 saisons et autres artisans itinérants.

Mais il y a du nouveau. Le critère ethnique. On n'expulse plus seulement les "gens du voyage" ou les porteurs de passeports bulgares ou roumains (curieux: on n'expulse pas les SDF néerlandais, belges ou allemands). Non. Cette fois, on expulse spécifiquement "les Roms" en tant que groupe ethnique.

"On" ? Qui ? Des pays qui reconnaissent officiellement les appartenances ethniques, comme la Belgique, l'Espagne, le Royaume-Uni ou l'Allemagne ? Ah non. C'est la France, cette France qui s'auto-proclame "terre d'égalité", "terre d'asile" et "patrie des droits de l'homme", dont le président et le ministre des affaires étrangères donnent des leçons d'humanité au monde entier, et que l'ONU et l'UE ont mise en cause pour discrimination et racisme.

Eh oui. Le monde change. La France aussi. Résultat, l'anglais progresse et la francophonie recule. Quand on se moque des mots, on les perd.

** A propos de racisme. Je reçois plein de diporamas et de "blagues" apparemment racistes, qui toutes mettent en scène de braves français de souche tous tolérants, travailleurs et honnêtes d'un côté, et de sales métèques ou macaques tous intégristes, paresseux et délinquants de l'autre. Ca semble raciste. Et pourtant ca ne l'est pas, car les mêmes qui conçoivent et envoient ces "messages", sont les premiers à employer des "basanés" au noir pour ne pas payer de charges, à se faire une "mauresque" ou une "afro" en douce si l'occasion se présente, à faire ami-ami avec un émir du golfe ou un businessman africain si celui-ci est plein aux as...

Ce ne sont pas des racistes. Ce qu'ils détestent, ce sont les étrangers pauvres. Ceux qui ne consomment pas, qui ont des besoins, avec lesquels il faudrait partager. Partager avec un étranger pauvre, c'est ça l'horreur. Les sociologues appellent ça de la ftochophobie (détestation des pauvres). Les anciens chrétiens (des apôtres à Vatican II) appelaient "charité" le fait de partager avec de telles gens. Les nouveaux chrétiens (ceux de Benoît XVI) appellent ça un excès de laxisme. L'église aussi a changé. Mais elle attire toujours aussi peu de monde. Quand on se moque de ses idéaux, on les perd. Ca vaut aussi pour les ex-marxistes de toute obédience...

** Mais au fait, pourquoi partager avec un étranger pauvre serait une horreur ? Simplement parce que cela ferait de lui un frère, donc un égal. L'égalité, c'est ça l'horreur.

** Et pourquoi ce mythe du bon français de souche travailleur et de l'étranger parasite ? (les parasites, on les gaze). Parce que c'est valorisant, bien sûr. Mais aussi parce que lorsque l'on travaille et paye des impôts (un partage non consenti) on a, lorsque l'on est un frustré, le sentiment de se faire avoir. Et comme lorsqu'on est frustré on n'ose pas s'en prendre aux plus puissants que soi, alors on s'en prend aux plus faibles. Aux étrangers pauvres, ou désarmés, enfin ceux que nul garde du corps ne défend.

Ce phénomène, la psychologue Alice Miller l'a très bien décortiqué dans ses études sur la génèse psychologique du nazisme. C'est une métamorphose qui transforme un brave être humain carencé en chacal, voire en hyène. Heureusement, tous les carencés ne deviennent pas des chacals, des frustrés, des jaloux, des aigris. Si c'était le cas, l'humanité ne serait rien d'autre qu'un enfer. Remarquez, Sartre pensait que c'était précisément le cas.

** Alors Sartre s'est mis à croire en Lénine et Mao comme pourvoyeurs de grands coups de balai, tout comme Brasillach, Drieu ou Thibon avaient cru en Pétain et Hitler. Pourtant, nul n'ose dire que Sartre cautionnait des crimes (alors qu'il le revendique ouvertement dans "Les mains sales").

Alors que pour Frêche, oui, on ose. Pauvre Frêche ! il a oublié que pour pouvoir porter aux nues des ordonnateurs de génocides, il ne suffit pas de dire "ils ont changé la face du monde" (d'autant qu'Hitler aussi a "changé la face du monde"). Non. Il faut avoir d'abord enseigné la philo, écrit des traités abscons, des pièces de théâtre "engagées", des articles "militants". Il ne suffit pas, ô Georges, d'avoir traité les harkis de "sous-hommes". Encore faut-il avoir enseigné et publié sous l'Occupation comme Sartre, ou traité la Shoah de "détail", comme Le Pen.

En matière de provoc' cynique, Frêche n'est que du menu fretin, un amateur... mais c'est normal. Lui n'avait que des visées électorales locales, alors que Sartre et Le Pen ont un rôle nettement plus universel : montrer au monde entier que la France foncièrement démocrate, sociale, "terre d'égalité", "terre d'asile" et "patrie des droits de l'homme" (même de l'homme rom, russe, chinois ou africain) est morte et bien morte.

Qu'est-ce que j'ai pu aimer cette France-là, qui m'a accueilli en 1968, par les bras et l'action de l'une de ses représentantes, Geneviève Anthonioz ! Oui, je l'ai aimée de tout mon coeur, cette France qui m'a ouvert ses bibliothèques, ses écoles, ses musées et ses facs. Il existe encore des français humanistes, fraternels et équitables qui sauvent, sinon l'honneur du pays, du moins le leur. Je les aime aussi. Mais quand tout un pays, par la voix solennelle de ses pouvoirs exécutif et législatif, se moque de ses propres fondations, il se perd.

Amitiés, lecteur. Tâchons quand même de faire notre devoir d'humains et continuons d'aimer la vie.

Chroniques d'avant !

Pédales et choucroute: logique et brillant.

Dominique Bussereau (ministre des transports): "Je veux les mêmes règles pour les automobilistes et les cyclistes".

Chacun sait qu'un cycliste a la même puissance, le même encombrement, la même dangerosité qu'une voiture, qu'il a les mêmes reprises, qu'il n'a pas besoin de zigzaguer au démarrage, ni de respirer de l'oxygène, qu'aucune auto ne le serre jamais contre les trottoirs ou contre une autre auto, et qu'il est donc normal, logique et brillant de "vouloir les mêmes règles pour les automobilistes et les cyclistes" plutôt que d'aménager le Code de la Route en fonction des réalités, et la route elle-même de façon à ce que cyclistes et automobilistes ne se gênent pas mutuellement, avec des couloirs séparés. On est en France, quoi!: c'est pas l'Europe qui commande ici…

Dominique Bussereau, ministre de la République: logique et brillant… Mais sa phrase n'est qu'une goutelette dans l'océan d'insanités déversées à longueur d'années par de bien plus haut placés que lui.

Le Parti du Califat.

International et pan-musulman, il prône: "à court terme la restauration du Califat (aboli par ATATÜRK en 1923, car c'était le sultan turc qui était le Calife), à moyen terme l'union de tous les pays musulmans et à long terme la conversion de tous les infidèles, de la Terre entière". C'est conforme à certaines sourates du Coran.

Il se dit non-violent "dans la phase actuelle" (normal, il est très minoritaire et n'existe pas dans tous les pays). Il ne croit ni à la science, ni à la démocratie (Averroès doit se retourner dans sa tombe). Il progresse : les gens sont lassés de la mauvaise foi, de la morgue et des fausses promesses des pays riches. Il progresse aussi parce qu'il prône la réconciliation entre les diverses communautés musulmanes (sunnites ou chiites).

A quoi songent nos pays riches, transis de morgue et de peur devant les revendications des pays émergents? A attaquer l'Iran. Déjà les média nous y nous préparent. Israël en espère une amélioration de sa sécurité (c'est sûr que mettre le feu à tout le proche et le moyen-orient, c'est sécurisant pour ce pays grand comme une région française). "Si vis pacem, para bellum", disaient les Romains (si tu veux la paix, prépare la guerre). Nous on est plus forts: on ne prépare pas la guerre (nous ne sommes prêts à aucun sacrifice, aucune souffrance), mais on la fait, comme le démontrent les merdiers irakien et afghan. Les géostratèges parlent diplomatiquement d'"erreurs d'appréciation"…

Le Parti du Califat. Une bel avenir devant lui.

L'humour télévisé et publicitaire.

Dans une émission drôle, à une heure de grande écoute: un sketch sur "le phasme, l'animal le plus inutile de la Terre". Les deux humoristes font leurs choux gras des documentaires environnementaux (il y a aussi des pubs qui font cela). Présent, Pierre PALMADE assure qu'il vérifiera sur internet si les phasmes, ça existe vraiment: il n'en avait jamais entendu parler. Dans le même style comique, la bande du Splendid avec son personnage de Preskovic dans "Le père Noël est une ordure" et Mickaël YOUN avec ses "Bratisla'Boys" ont fait leurs choux gras des européens non-occidentaux. Et enfin, il y a les fameuses "blagues belges" et les "blagues de blondes".

Eh oui: on ne peut plus se foutre de la gueule des Noirs, des Arabes, des Juifs, des Amérindiens, des Papous, des Biafrais, des Chrétiens, des Musulmans, des homos: ce n'est pas politiquement correct. Alors il reste les blondes, les Belges, les Européens non-occidentaux et les écolos. Eux, on peut. Le besoin de rabaisser l'autre, il faut bien qu'il trouve un exutoire.

Imaginez que de la même façon on se foute des cheveux ou du petit doigt de pied, en qualifiant les uns ou l'autre d'"organes les plus inutiles du corps". Imaginez des "blagues belges" ou "de blondes" sur le gratin parisien. Imaginez un personnage de Parisien aussi caricatural que Preskovic. Imaginez qu'au lieu de charrier les environnementalistes, on charrie les constructeurs d'autoroutes et d'autos, en évoquant leurs 60.000 victimes depuis 15 ans (rien qu'en France et sans compter les estropiés et les comateux). Imaginez que les blagues et les pubs "drôles" sur ou avec les pays ex-soviétiques (comme si le Goulag, le LaoGai, l'Angkar et leurs dizaines de millions de victimes n'avaient jamais existé), on les fasse sur ou avec le nazisme ou le franquisme, comme si les camps de la mort et le drame des Républicains n'avaient jamais existé.

Eh oui, il y a bien deux poids, deux mesures dans le monde de l'humour médiatisé occidental… Ca révèle quelque chose de notre culture. Mais quoi ?

Le Grenelle de l'environnement

Les collectivités locales vont envoyer des représentants au "Grenelle de l'environnement". Le problème, c'est que la plupart du temps ces représentants s'y connaissent en environnement, autant que moi en oncologie, en thermodynamique ou en comptabilité d'entreprise. Ce sont pourtant eux qui iront, parce que ce sont des élus. Comme ils ne veulent quand même pas s'y trouver ridicules, ils nous ont demandé à nous associations, de leur envoyer des idées et des propositions. Nous l'avons fait, d'autant que les collectivités territoriales nous subventionnent. C'est normal de renvoyer l'ascenseur.

Ils n'ont retenu de nos propositions que ce qui ne froissait pas les intérêts économiques immédiats et locaux, que ce qui cadrait avec leur vision strictement économiste de l'environnement, au point que nous demandons à présent que le document final ne mentionne pas notre contribution (on aurait honte).

Qui a été d'une bêtise extra-ordinaire sur ce coup-là? Eux? Non: NOUS (dont MOI). D'ailleurs je crains que de ce Grenelle-là, il sorte plein de propositions intelligentes, mais RIEN qui sont contraignant, et pas un sou de moyens… On parie?

Salauds de pauvres!

Les média (pleins de commisération): "La journée mondiale de la pauvreté".

Comme chantait Dalida: "Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles, paroles, paroles…".

Les faits, eux, ne changeront pas: un cinquième de l'humanité vit avec 70 euros par jour ou plus, la moitié avec 2 euros par jour ou moins.

C'est simple.

Une journée par an pour penser à la pauvreté, comme il y a aussi une journée de l'environnement, une journée des femmes, et ainsi de suite.

Une journée par an, une minute de silence, prions mes frères et mes soeurs, ayons une pensée pour nos semblables malheureux. Les 364 autres journées, et celle-ci aussi d'ailleurs, nous pouvons continuer à :

- vivre et consommer d'une manière qui la crée, cette pauvreté (moi aussi)…

- voter pour des maîtres qui défendront notre genre de vie contre les revendications des pauvres, et les empêcheront de venir chez nous reprendre quelques miettes des richesses que nous leur prenons…

- fabriquer des armes pour les tenir à distance…

- nous étonner et nous offusquer que certains d'entre eux sombrent dans le désespoir et adoptent des positions extrémistes (alors que nous devrions nous émerveiller du miracle que constitue la modération de 99% d'entre eux !).

Changer d'habitudes, partager, se restreindre est difficile. On pense tout de suite aux efforts qu'on a du faire pour arriver à notre niveau actuel. Et on n'a pas envie de "lâcher" les fruits de nos efforts, ou alors, au compte-gouttes. Surtout si tout le monde le ne fait pas ("pourquoi moi, alors que les plus riches que moi ne font rien ?"). On ne pense pas que 99% des pauvres de la Terre ont fait les mêmes efforts que nous ou plus, mais sans parvenir aux mêmes résultats, à cause de l'Ordre du Monde, qui nous favorise et les défavorise. Même smicards, nous sommes les aristocrates de l'Ordre du Monde, et eux les serfs. En France le seuil de pauvreté est à 23 euros par jour (je suis à 31). Je suis un aristocrate, nous sommes des aristocrates, ah ça ira, ça ira, ça ira: ça va, oui?

Parler est beaucoup plus facile. Là, pas besoin d'efforts. Parfois, pas même besoin de penser avant. Le vent des paroles permet de soulager nos consciences, ces fardeaux dont les cyniques se sont défaits sans complexes, mais que nous préférons traîner au nom de notre humanité. C'est sympa, mais autant en emporte le vent: les paroles ne changeront rien.

"Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles, paroles, paroles…".

Pour fêter la "Journée mondiale de la pauvreté" et pour bien montrer dans quel sens souffle le vent, nos autorités républicaines viennent aujourd'hui même d'expulser quelques dizaines de campeurs européens installés près de Lyon, pour "trouble de l'ordre public". Il s'agit de rrôms de Roumanie. Européens, donc, mais rrôms. Trop différents. Trop pauvres. Salauds de pauvres! Bien sûr, les affreux racistes, les xénophobes sont tous là-bas, en Roumanie. La France, elle, est Terre d'accueil et patrie des Droits de l'Homme. Mais pas de l'Homme rrôm tout de même, fut-il européen. N'exagérons pas.

Comme on dit en rrômanès: "A force qu'on nous pète au nez, nous les rrôms savons mieux que quiconque sentir le sens du vent". Les pets français sentent le riche. Comme les crottes de chiens français. C'est pour ça que les rrôms, ils préfèrent les trottoirs français.

Crottes de chiens.

Les média (se pourléchant les babines): "Vers un permis à points pour les chiens dangereux".

Aucune analyse de fond, aucun questionnement: "pourquoi ces chiens qu'on est obligés de museler, se multiplient-ils en ville (avec des crottes de plus en plus grosses) alors que ce sont des bêtes initialement sélectionnées pour la campagne, pour repousser loups et ours? Comment ne deviendraient-elles pas névrosées, ces bêtes, en appartement, en ville?".
Dans un autre domaine (mais les maîtres sont souvent les mêmes) pas davantage de questions du type: "pourquoi ces 4x4 de plus en plus énormes et puissants en ville (avec des consommations en proportion) alors que ce sont des voitures initialement conçues pour la campagne, pour des expéditions lointaines? Que signifie cette évolution?".

Nulle part dans la grande presse je n'ai lu d'article liant ces phénomènes au durcissement des rapports sociaux, à l'augmentation (en grande partie instrumentalisée) du sentiment d'insécurité… Même sur Arte et la 5, rien sur ce sujet… Roulez et mordez la vie à pleine dents, jeunesse!

Au fait, combien de points en moins par morsure? Deux pour une fesse, cinq pour une main, retrait du permis en cas de décès de la victime?


Tests ADN aux frontières.
Famille biologique, famille d'intérêt, famille d'amour.

Le débat français autour des tests ADN pour les immigrants rappelle quelques notions de base, mais parfois oubliées.

La famille n'est pas définie que par la biologie (quand vous prenez conjoint, c'est rarement un proche biologique).

Les enfants ne sont pas uniquement des "fruits de la chair", ils ne doivent pas leur statut uniquement à une copulation ou une insémination (sauf, peut-être, pour les promoteurs de ces tests).

Réserver les tests aux immigrants c'est les ranger d'emblée dans une catégorie suspectée d'usurpation de filiation.

L'étranger pauvre qui n'est pas reparti au terme de son visa ou de sa carte de séjour, est de jure un infracteur et traité comme tel. Juridiquement, il n'est pas un infracteur parce qu'il aurait nui à autrui de quelque manière que ce soit, mais parce que c'est un étranger pauvre dont le titre est arrivé à expiration sans être renouvelé. Ce ne sont pas ses actes, mais son état et son statut qui constituent l'infraction.

En fait ce n'est pas de la xénophobie, mais de la ftochophobie (détestation des pauvres): soyez certains qu'un émir du Golfe désirant faire venir qui il veut de Dubaï ou du Qatar, ne sera pas soumis à pareille humiliation. Vous ne le verrez pas non plus faire des jours de queue au Service des étrangers d'une préfecture pour renouveler son titre de séjour (il en a un, pourtant).

Prenons l'exemple le plus "antipathique", celui contre lequel ces mesures ont été votées: la famille d'intérêt. Prenons un immigré pauvre en situation régulière (forcément, puisqu'il peut effectuer des démarches officiellement) qui demande à faire venir une épouse avec des enfants qui ne sont pas de lui. Mettons même qu'il ne les aime pas et qu'il ne les fait venir que pour payer une dette à un beau-frère, qui…

Soit. Pourquoi cet immigré est-il là? Pour faire du tourisme? Allons… Pour son plaisir? Il faudrait qu'il soit masochiste. Par amour pour les valeurs de la France? Mais lesquelles? Celles de Philippe de Villiers? Ou celles de la République? Fait-il la différence seulement? Peu probable: les humains croient davantage à ce qu'on leur fait qu'à ce qu'on leur dit.

Non: il est là pour l'argent. Mais quel argent? Le nôtre, celui pour lequel nos ancêtres et nous avons sué? Ou le sien, celui pour lequel il accepte tous les boulots pénibles et mal payés que nous refusons? Ou est-ce l'argent de son peuple, celui que nos pays riches prennent à son pays pauvre par milliards d'euros, depuis des décennies, en exploitant ses richesses naturelles sans partager avec la population locale et en soutenant des tyrans locaux?

Et l'amour? L'intérêt exclut-il l'amour? La biologie le garantit-elle? Pensez-vous que derrière un visage noir, ou basané, ou simplement pauvre et marqué par la dureté de la vie, il y forcément moins d'amour, de franchise, de courage que derrière un visage blanc, blond, lisse, heureux?

Faites marcher votre âme et vous aurez toutes les réponses. Comment ça, c'est quoi l'âme? Le mélange d'esprit (raison) de sentiments (empathie) et d'ouverture (curiosité), tout simplement. Quand on n'utilise pas les trois en même temps on risque de devenir viscéral et/ou dogmatique. Le propre du viscéral et du dogmatique, c'est qu'il est persuadé qu'il ne l'est pas. Moi, je le suis. Je suis viscéralement débecqueté par la xénophobie et la ftochophobie, je les vomis. Et je suis dogmatiquement attaché à l'égalité et au respect maximal possible de la dignité et de la vie humaine, même pour ceux qui ne rendent pas la pareille et qu'il faut combattre ou punir (les extrémistes, les prédateurs).

Bordel ! Comment est-ce possible que tout ça ne soit pas évident pour tout le monde?

Gorilles, tests ADN et xénophobie.

Gare au goriiiiillllle !, chantait Georges Brassens.

Trente-cinq mille ans de civilisation (en commençant par les premières Vénus) n'ont pas suffi à effacer notre méfiance ancestrale envers l'estranger, le pas-comme-nous, le pas-dans-le-rang, le qui risque de perturber l'équilibre (si fragile) du clan et des pouvoirs dans le clan. Sciences et Avenir titrait récemment "Notre cerveau est-il adapté à notre civilisation?" et l'article répondait plutôt par la négative…

Tout est symbole. Tests ADN jugés légitimes, rejet des rrôms ou de quiconque se permet des libéralités que nous nous interdisons, parce qu'on a été élevés ainsi, gris souris, lèvres serrées, femmes et hommes de pouvoir pour compenser, sévères surveillant(e)s d'autrui et peu enclins à douter (surtout de notre bon droit), tout est symbole.

Mais la vie, ce n'est pas ça. La vie est mélange. La vie a toujours besoin de sang neuf. Le sang neuf ne va pas remplacer le nôtre, mais l'oxygéner. La vie est un mélange d'ordre et de désordre, de devoir et de fantaisie, d'erreurs et de gestes justes, de droiture et d'ouverture, de vigilance et d'amour, de rigueur et de tolérance: elle peut tresser ensemble aussi bien nos rancoeurs et nos frustrations (on en a tous) que nos beautés et nos énergies (on en a tous aussi). Sous la voûte étoilée, la seconde formule est préférable.

Tailler une pierre brute c'est aussi libérer les beautés et les énergies de l'enfant plein d'espoir et de tolérance qu'on a été avant de rentrer dans le rang et d'en faire une vertu. Le rang ! Est-ce qu'on est des piquets?

Ou des piqués?

"Les braves gens n'aiment pas que
l'on suive une autre route qu'eux !", chantait encore Georges Brassens.

La "valeur travail", travailler plus pour gagner plus:
le radeau de La Méduse et le Titanic

Ce slogan (qui me rappelle le stalinisme de mon enfance) est un triple mensonge et une triple laideur:

1.- En réalité, le travail perd de plus en plus sa valeur: il y a beaucoup plus de chômeurs que d'offres d'emploi, et les centaines de milliers de radiations sous toutes sortes de prétextes ne suffisent pas à masquer ce fait.

2.- A supposer même que l'on puisse effectivement gagner plus en travaillant plus (ce qui est trop rarement le cas), là encore la diminution du nombre d'emplois disponibles fait que travailler plus, c'est laisser moins de boulot pour les autres: si je travaille plus, je crée du chômage…

3.- Les "qualités" que ça développe en nous, c'est quoi? La compétition, les tensions, la soumission au système, la rivalité avec les autres… Vous trouvez ça bien?

Théodore Roosevelt, visitant le parc national du Yellowstone (le plus ancien au monde) disait: "Ce qui m'intéresse dans le fait de défendre la nature, ce n'est tant pas la préservation de cette force, de cette beauté, de cette sagesse de la création: ce sont plutôt les qualités que cela développe en nous".

Ayant voué ma vie professionnelle à l'environnement, j'ai fait une croix sur l'idée de gagner plus de mille euros par mois, d'être propriétaire, d'être connu ou honorable, d'être pris au sérieux, d'avoir une retraite supérieure à 300 euros par mois. Ce choix s'explique par l'adage du vieillard qui plantait avec joie un cerisier dans le verger communal… les enfants lui dirent qu'il ne vivrait pas assez pour en goûter les fruits… il leur répondit qu'il les goûtait déjà… dans le plaisir de faire quelque chose d'utile pour eux. Vivant ainsi, je ne suis supérieur à personne, mais inférieur à beaucoup. Comme la plupart d'entre nous, je traîne des tares physiques, physiologiques et psychiques, mais je suis libre, heureux, aimant et aimé. Que désirer d'autre?

Que l'on soit amer, cela se comprend. On a tous subi les frustrations de la vie. Mais faut-il niveler par l'amertume? L'amertume demande des efforts (d'hostilité, de dissimulation, de ruse, de médisance), alors que chercher en soi-même la belle pierre cachée est beaucoup plus facile (et, je crois, plus agréable que tenter d'abaisser autrui). Elle est en chacune et chacun de nous, cette pierre. Ce n'est pas une pierre précieuse, juste un galet. Un vulgaire galet mouillé de larmes et de sourires. Certains trouvent ça ringard, inutile, illusoire. C'est leur droit… mais c'est dommage. Les amers ne savent pas ce qu'ils manquent…

Le travail n'est pas une valeur en soi. C'est le sens du travail qui fait sa valeur. Quel que soit le régime où l'on vit, construire un camp de concentration et construire un dispensaire, ce n'est pas tout à fait la même chose.

Mieux vaut l'amitié sur un brave petit "radeau de la méduse" comme celui chanté par l'immortel Georges Brassens, plutôt que le miel et le fiel sur un luxueux paquebot. Surtout quand le réchauffement climatique libère de plus en plus d'icebergs de la banquise.

Au revoir, lecteur, que vos hormones soient harmonieuses et vos cœurs sereins. Et pour finir...

Aphorismes gréco-roumano-turcs…

Un homme macho est rigide entre ses deux oreilles, un homme viril l'est seulement dans son slip.

Une femme-objet est gaie par son maquillage, une femme libre par sa vie.

Qu'est-ce que la mode ? C'est le meilleur moyen de faire croire aux nouvelles générations qu'elles sont différentes des anciennes, en les rendant tout aussi conformistes.

Le tchador et le string, c'est la même chose. Les deux sont inconfortables, mais c'est le moyen pour une femme soumise à sa communauté, de montrer qu'elle l'est.

Le voile religieux de certaines musulmanes n’avilit pas seulement la femme qui le porte. Il avilit l’homme aussi, car il suppose que ce dernier n’est qu’un animal incapable de se contrôler.

La vraie foi n’a nul besoin de preuves. Dès lors que l’on cherche des preuves, c’est que l’on doute.

La foi, c’est croire en sachant que l’on ne sait pas. Le dogmatisme, c’est croire que l’on sait.

Mélanger la foi et la science, c'est comme vouloir jouer du Mozart sur un traité de mécanique, ou comme vouloir réparer un moteur en suivant une partition de Mozart.

Nos convictions viennent parfois de nos découvertes, mais aussi de nos intérêts. Souvent on les adopte pour légitimer notre compréhension de la vie, qui vient de nos expériences d’enfance et de jeunesse, que nous cherchons à voir confirmer au lieu de les relativiser… Long est le chemin vers le détachement …

Chez nos amis occidentaux, on dit que tout devient dogme à qui en a psychiquement besoin. Chez nous, tout devient sarcasme : en avons-nous psychiquement besoin, ou est-ce un tic de l’"ère lumineuse" du communisme, où tout était obscur faute d’électricité ?

La psychorigidité est le terme politiquement correct pour la connerie.

Le communisme et le capitalisme sont tous deux des matérialismes à prétention scientifique, et des sociétés d’insécurité. Mais il y a des différences : dans le communisme, le risque était de se retrouver "dedans" (en camp, en taule) et c’est à l’intérieur des pays où il régnait, qu’il a affamé et massacré, alors que dans le capitalisme, le risque est de se retrouver "dehors" (sans travail, sans maison) et c’est à l’extérieur des pays du G7 qu’il affame et massacre.

Pour les ultra-libéraux, le principe de précaution, ça marche comme ça : -"Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, vous pouvez tranquillement manger ce nouveau champignon, car ce n’est pas prouvé qu’il est dangereux". Pour les communistes, le principe de précaution, ça marchait comme ça : -"Camarades ! voici la ligne du Parti : Tous les champignons sont comestibles, mais certains ne le sont qu’une fois".

Le marxisme-léninisme, c’est comme si l’on interdisait les moyens de transport familiaux, pour obliger les foules à n’utiliser que de vieux bus rares, vétustes, inconfortables et polluants. L’ultra-libéralisme, c’est comme si l’on abolissait le code de la route, les feux, la police, en laissant le trafic se réguler lui-même.


Le communisme, c’est Dracula déguisé en Prométhée.

En démocratie, tout ce qui n’est pas interdit est permis. En dictature, tout ce qui n’est pas permis est interdit. Dans le communisme, tout ce qui n’était pas interdit était obligatoire.

Pendant que nous, on vivait dans la misère et la terreur, les occidentaux vivaient les trente glorieuses. Maintenant ils poussent des cris d’orfraie parce qu’ils sont obligés de se serrer un peu la ceinture pour partager avec nous. Mais il ne faut aborder ce sujet avec nos amis de l’ouest qu’avec précaution, car leurs sacrifices sont beaucoup plus précieux que les nôtres…

Les occidentaux n’ont connu que 5 ans de misère et la terreur, contre 50 pour nous, et c’était il y a 63 ans. Mais il ne faut aborder ce sujet avec nos amis de l’ouest qu’avec beaucoup de précautions, car leurs morts étant plus rares que les nôtres, ils sont beaucoup plus précieux (tout ce qui est rare est précieux)…

Quand les ultra-libéraux parlent de liberté, de droits de l’homme et d’environnement, c’est comme si les loups se mettaient à parler de bergeries, de moutons et de verts pâturages !

Il est beaucoup plus facile de faire un pot-au-feu à partir d’un potager et d’une basse-cour, que de refaire un potager et une basse-cour à partir d’un pot-au-feu.

Un patriote aime sa patrie, avec sa terre, ses montagnes, ses rivières, sa mer, ses plaines, sa diversité naturelle et culturelle ; il ne déteste personne, sinon ceux qui en abusent ou qui sèment la haine. Un nationaliste n’aime que sa nation, et déteste les autres ; ça ne l’empêche pas de laisser des déchets là où il passe. Un patriote sème l’amour du pays, un nationaliste s’aime seulement lui-même et sème la haine.

Entre les anciens communistes, les nouveaux riches et les opportunistes de tout poil, être humain dans la Roumanie d’aujourd’hui, c’est comme traverser dans la circulation de Bucarest aux heures de pointe.

La Roumanie est entrée dans l’U.E. le 1er janvier 2007. Depuis, les Roumains suivent, un par un, et bien basse est la porte…

Il y a en Roumanie environ 60 partis politiques enregistrés. Mais il n’y a en réalité en Roumanie que deux partis politiques : les Forts (anciens communistes, église, nationalistes, milieux d’affaires, la même personne pouvant cumuler ces 4 appartenances) et les Faibles (les autres).

Pourtant pour la première fois depuis 1938, la Roumanie a, depuis 2004, un gouvernement moins corrompu, moins ridicule, et un système politique moins extrême et moins xénophobe que la France. C’est peut-être ce qu’on appelle le principe des vases communicants, car depuis la fin du Rideau de Fer et du Mur de Berlin, la France ne cesse de baisser, tandis que la Roumanie, petit-à-petit, se relève.

En dehors de la Corée du Nord, il n’existe qu’un pays au monde où le nom de Staline est encore honoré (Stalingrad au lieu de Volgograd), où des gens regrettent la fin du Rideau de Fer et du Mur de Berlin, et pensent que c’était là une "utopie" qui aurait "échoué". Ce pays bizarre, c’est la France.